Les scooters font la loi à Ha Noi. (Copyright : Jérôme Decoster)

Ha Noi, l’anarchie fascinante

Une toute petite dame de 80 ans vend des babioles à de jeunes fêtards en plein cœur de l’Old quarter, dans une rue branchée de Ha Noi. Son sourire se fraie un chemin parmi ses rides et dissimule la souffrance qu’exprime la courbe de son dos.

La vieille dame sirotant sa bière. (Copyright : Jérôme Decoster)

Quand certains s’éclatent, d’autres survivent. Près de l’aéroport, à 25 km du centre-ville, on se croirait dans un tout autre pays. Les énormes panneaux publicitaires cohabitent avec la faucille et le marteau, symboles du régime communiste. Des amas de déchets surgissent quelques taudis, entre les champs et les marais. Les habitants sortent de ce décor pour enfourcher leur scooter et emprunter  les petites allées à peine goudronnées. Ils déboulent rapidement sur la 2 x 2 voies sans se préoccuper des bus ou autres camions auxquels ils coupent littéralement la route.

« Si tu te préoccupes des règles, tu es mort »

A Ha Noi, ce trafic infernal transforme la traversée d’une simple route en sport national. « Il ne faut pas regarder et se préoccuper des règles, sinon tu es mort », souligne notre hôte Minh Nguyen. Il fonce tête baissée au travers de la course folle des véhicules. Même à l’heure de pointe, entre 17 h et 18 h, alors que la nuit commence à tomber. Ici, pas de place pour les piétons sur les trottoirs. Ils se font klaxonner sans vergogne par les motards qui n’hésitent pas à rouler à contresens pour raccourcir leur itinéraire.

Les piétons tentent leur chance parmi le flux de scooters. (Copyright : Jérôme Decoster)

En roulant vers le centre-ville, la bruyante anarchie laisse une place aux sourires et à l’accueil des autochtones. A chaque coin de rue, ils invitent les passants à s’installer sur de petits tabourets en plastique rouge et bleu, de 30 cm de haut. Aussitôt les plats commandés, aussitôt servis. Le repas est simple, à leur image, composé de bouillie de riz et de soupe aux nouilles et à la viande grasse.

L’attachante vieille dame aux babioles, elle, se contente de siroter une bière à l’aide d’une longue paille, devant les bars les plus fréquentés. Plus loin, les vendeurs à la sauvette respirent davantage l’appât du gain que la chaleur humaine. Hanoï n’est pas à un paradoxe près.

Jérôme et Aurélie

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