La prison de Hoa Lo à Hanoi, aujourd'hui transformée en musée (CC by Michael Coghlan).

Hoa Lo, l’histoire d’une prison tombée aux oubliettes

Hoa Lo. Le nom de cette prison ne parle pas à grand monde en France, sans doute. Aucune trace dans les programmes scolaires de ce lieu obscure situé au cœur d’Hanoi. Et pour cause, à l’intérieur de ces murs, le gouvernement français a commis des crimes atroces, de 1899 à 1954, à l’époque où il se croyait propriétaire du Vietnam et de toute l’Indochine.

La « Maison centrale » abritait un véritable régime de terreur contre les révolutionnaires indépendantistes. Bien avant la guerre (1946-1954), les innombrables décrets ne laissaient aucun répit aux prisonniers : horaires de travail à rallonge, rationnement alimentaire, et pour chaque comportement déviant, une punition inscrite noir sur blanc.

« L’enfer sur Terre »

Les surveillants de prison n’hésitaient pas à user de la torture, notamment à l’aide de fils électriques. Des cachots recueillaient les « sujets » les moins dociles. Condamnés à vivre dans le noir le plus complet, pendant quinze jours, avec leurs excréments comme compagnon de cellule. Mais « l’enfer sur Terre », surnom donné à la prison par les autochtones, se trouve surtout quelques pièces plus loin, dans le couloir de la mort. Les meneurs de la lutte attendaient d’être guillotinés, avant que la photo de leur tête ne soit affichée en ville. Belle méthode pour décourager les plus téméraires.

guillotine
La guillotine, sort tragique des prisonniers politiques les plus dérangeants. On jetait les têtes dans des paniers (en bas, à droite) (CC by Kenneth Pinto).

Au Vietnam, la propagande du régime « communiste » encore en place bat son plein. L’exposition loue le courage hors du commun des révolutionnaires et accable l’ennemi français. Mais elle n’en est pas moins riche d’enseignements. La guerre d’Algérie, qui a débuté au moment où la guerre d’Indochine se terminait, a sans doute défrayé suffisamment la chronique pour passer sous silence cette histoire peu glorieuse de notre pays.

Jérôme Decoster

Retrouvez cet article sur le Huffington Post 

3 réflexions sur “Hoa Lo, l’histoire d’une prison tombée aux oubliettes

  1. Mon cher Jérôme,
    Je ne voudrais pas te décourager, mais tu ne viens de franchir que le premier échelon dans ta quête sur l’échelle de l’horreur. Il te suffira de franchir la frontière, et d’aller faire un tour au Cambodge. Où tu comprendras que les colonialistes français n’étaient que des petits rigolos à côté des Khmers rouges.
    Bises à Aurélie !

  2. une telle barbarie laisse sans mots ….et donne un éclairage paradoxal sur « l’inhumain » comme constituant de la nature humaine!
    Témoignage douloureux et utile.

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