Je m'attaque à l'ascension d'une piste de "débutants" : 15 mètres de hauteur (© Jérôme Decoster).

Sous la chaleur de Noël, les voyageurs prennent de la hauteur

Au Laos, les passionnés d’escalade se retrouvent à la « Green climbing house », un paradis naturel de près de 300 voies. Attirée par la grimpe, j’ai tenté une ascension pour débutants.  

Sous la chaleur étouffante d’un toit de karst,  Jean tente de trouver sa prochaine prise. Ce grimpeur s’exerce près de Thakhek, au milieu d’un paysage chaotique caractéristique de cette région du Laos. Les bras tendus et le corps luisant de sueur, le Marseillais s’attaque à une voie particulièrement difficile, même après 20 ans d’expérience. « C’est un peu « bourin » comme type d’escalade, il faut avoir des bras ! », explique Jean de son accent chantant. Près de chez lui, son terrain de jeu favori est un « paradis » nommé calanques. Mais il tient quand même à découvrir d’autres spots d’escalade autour du monde pour assouvir sa passion.

Jean grimpe sous les toits des karsts, près de Thakhek au Laos (© Aurélie Bacheley).
Jean grimpe sous les toits des karsts, près de Thakhek au Laos (© Aurélie Bacheley).

Dans ce décor naturel de rêve perdu au milieu du pays, les grimpeurs des quatre coins du monde se retrouvent pour passer leurs journées à embrasser la roche. Certains ont même planifié leur voyage en fonction des meilleurs spots d’Asie du sud-est. « C’est le plus bel endroit pour grimper dans cette partie du monde », assure Guillaume. Après leur passage ici, le jeune homme français et son amie finlandaise iront dans le sud de la Thaïlande pour continuer à arpenter les plus hautes falaises. Pourtant, ils pourraient aisément passer un mois à découvrir les quelque 272 voies d’escalade que compte le site. C’est le temps que passeront ici Liang et son amie Chan, prof d’escalade. Les deux jeunes chinoises font partie des corps athlétiques qui se baladent le baudrier attaché autour des hanches et qui ne sortent pas de leur bulle passionnelle. « Il n’y a pas grand-chose à faire ici, à part grimper », sourit Liang. A l’instar de Jean ou Guillaume, les deux amies sont à la recherche de nouvelles sensations, même si elles restent attachées à leurs spots d’escalade habituels en Chine. « Bien plus beaux qu’ici ! » jure Liang.

Elle s’attaque aux voies difficiles, à deux pas de « Kam », ascension bien plus accessible. Il faut escalader 15 mètres de roche plutôt lisse, à l’inverse du « toit » à l’allure de grotte, gravi par le Marseillais. Surtout, nul besoin de se retrouver la tête à l’envers et d’être doté des bras de Hulk. C’est à cette voie pour débutant que je m’essaie, assurée par Guillaume. Mes pieds recroquevillés dans des chaussons d’escalade volontairement trop petits, je commence à grimper. « C’est bien d’avoir les doigts de pieds en crochet, comme ça tu peux prendre appui sur de très petites prises », explique Guillaume. La technique s’avère concluante et j’oublie vite la douleur, trop concentrée sur la prochaine étape de mon ascension. « L’escalade est un combat contre soi-même », avait annoncé Jean,  quelques minutes plus tôt. Risquer de tomber sans crainte, se lancer sur une prise sans être certain de pouvoir l’atteindre… Ma piste est relativement simple et ne me demande pas d’effort surhumain, mais je ressens déjà ces sensations. Avant d’atteindre le moment le plus excitant de l’aventure : toucher du bout des doigts le dernier mousqueton de la voie, puis se lâcher dans le vide pour atteindre à nouveau la terre ferme.  Grisant.

Aurélie Bacheley

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